Nos états d’âme... Une porte vers l’éveil ?

Nos états d'âme... Une porte vers l'éveil ? 

  

Mais que signifient donc nos états d'âme ?

      

Dans la  vie, il y a quand même peu de moments où l'on se  trouve sous l’emprise d’une grande émotion forte. Alors que les petits sentiments et les petites turbulences nous touchent en permanence.  On se lève le matin,  et notre humeur peut dépendre d’un rayon de soleil, d’une bribe de musique... ces petits sentiments, mini émotions, micro turbulences sont des "états d’âme". Et aussi subtil qu'il nous semble, quelque chose d’essentiel se joue là, que nous avons trop tendance à négliger. 

 

Pour chaque grande émotion, une famille d’états d’âme

 

Quand on dit "état d'âme", on pense toute suite, spleen romantique, ou du blues adolescent. Et puis on s’aperçoit vite que c' est beaucoup plus large, quand on se souviens, en préambule, l’impression fugace, mais profonde, qu’a eue sur nous une petite scène du matin, avec cette enfant qui trébuche dans la rue, alors que son père l’accompagne à l’école. Rien de grave, mais pendant une seconde, toute la frayeur ressentie de la petite, dans son regard. Et ce sentiment, ensuite, ne vous lâche pas de la journée et place celle-ci dans une atmosphère particulière...

 

Le spleen et le blues font assurément partie des états d’âme, mais il n’y a pas qu’eux. Nos états d’âme sont tous nos contenus de conscience qui se mêlent entre nos  émotions et nos pensées « d’arrière-plan », nos sensations, nos impressions, nos feelings discrets, légers, en demi-teinte, qui n’ont l’air de rien, et qui pourtant nous influencent profondément.

En réalité, ils fondent notre humanité et notre lien au monde. Le paradoxe, c’est qu’on ne leur accorde que très peu d’importance et malheureusement il n’existe sur eux, quasiment pas de synthèses scientifiques. Probablement parce que le mot « âme » est encore un peu tabou.

En psychologie on s’intéresse, à juste titre, aux émotions. C’est-à-dire aux grandes émotions, les franches et les entières. La colère. La tristesse. La joie...

Quand une grande émotion nous habite, nous lui appartenons en entier, il n’y a momentanément place pour rien d’autre. Ça ne dure généralement pas. Les états d’âme, eux, sont en quelque sorte des sous-émotions qui durent des heures, des jours, des semaines !

 

Pour chaque grande émotion, il existe toute une famille d’états d’âme. Ce n’est pas la grande colère, mais le petit agacement, le vague énervement, la légère crispation, la moue de bouderie... Pas la grande peur, mais le petit sentiment d’intranquillité, de souci, d’agitation, d’inquiétude... Pas la tristesse déchirante, mais le soupçon de cafard, le petit coup de blues, le nuage de mélancolie. Et, de l’autre côté, ce n’est pas non plus le franc enthousiasme ni la joie éclatante, mais l’imperceptible euphorie, le sourire intérieur, la douce légèreté...

Vues du dehors, ces sous-émotions peuvent sembler de peu de poids, voire dérisoires - et nous pourrions nous sentir gênés d’avoir à les exprimer. Vécues du dedans, elles sont incroyablement importantes.

 

En réalité, l’essentiel de notre vie intime est fait d’un tissage d’états d’âme. Prenez une journée type de votre vie, il y a finalement peu de moments où vous vous trouvez sous l’emprise d’une grande émotion forte. Alors que les petits sentiments et les petites turbulences vous touchent en permanence. Vous vous levez, votre humeur peut dépendre d’un rayon de soleil, d’un bribe de musique, d’une remarque minime de votre conjoint. Vous marchez dans la rue, vous voyez un mendiant, ses yeux, ses mains, ou un graffiti sur un mur, ou telle saynète de rien du tout, à peine entraperçue, tel échange de mots ou de regards, pendant une fraction de seconde, entre des inconnus que vous ne reverrez jamais... Vous continuez à marcher, l’air de rien, mais en vous, quelque chose est venu subrepticement se planter, qui va vous accompagner longtemps. Qui va peut-être donner sa couleur au reste de toute votre journée.

toutes ces situations ne sont que des « riens du tout » mais ce sont ces "riens du tout"  qui colorent nos journées.  En anglais, on peut appeler cela le « mood » !

 

Le mood, c’est l’émotion sans mot, qui fait que vous êtes de bonne ou de mauvaise humeur. L’état d’âme y ajoute un contenu verbal, une combinaison de sensations physiques, de micro-pensées, de souvenirs, de rêveries. Le champion du monde toutes catégories des états d’âme! 

Cependant, les états d’âme ne se contrôlent pas facilement : ils s’imposent à nous avec une douce insistance. Leurs sources sont multiples, à la fois physiques, biographiques, relationnelles, mentales... Certains états d’âme nous rivent au sol, d’autres nous connectent à des dimensions que l’on pourrait dire spirituelles. Leur enracinement dans le corps compte beaucoup. Des études ont montré que, si vous interrogez différentes personnes sur ce qui les préoccupe dans la vie, vous n’obtenez pas les mêmes phrases, selon qu’elles vous répondent avant ou après une marche de vingt minutes dans la nature. Après, la plupart des gens voient les choses de façon nettement plus positive. Mais l’influence « spirituelle » n’est pas moindre : un visage, une phrase, la vue d’un coin de ciel, un chant d’oiseau, le vol d’une feuille morte prise dans un tourbillon, peuvent vous faire changer d’état d’âme.

 

Lors d'un bref instant d’incertitude : devons-nous enregistrer la sensation, s'imprégner du sentiment en nous, ou pas ? Faudrait-il oublier tout ça très vite , ou pas? Et si c'était la vraie vie qui nous faisait signe, par ce petit soupçon d'émotions, alors que le reste de notre journée se déroule dans l’insignifiance ?

Peut-être faudrait-il voir nos états d’âme comme une espèce de carrefour, une chambre d’écho, à l’interface entre le dehors et le dedans, entre le corps et l’esprit, entre hier et demain, entre nos pulsions et notre culture, entre nous et les autres. ... ou simplement comme notre conscience ?

 Qu'on le veuille ou non, nos états d'âme vont et viennent sans demander permission... et s'installent... 

Comme la nostalgie de nos bonnes années ou encore d'un grand Amour inachevé... 

 

Inspiré du livre; Les état d’âme - Christophe André - éd. Odile jacob

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